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MÉTHODES


en recherchant la visibilité des titres, bientôt en vain quand de nouvelles fiches sont introduites dans la série).[1]

411.55 Coopération. Collaboration.

a) Devant le travail à accomplir, l’homme peut avoir deux attitudes : l’isolement ou la coopération. Aucune œuvre ne pouvant se réaliser à l’appel d’un simple commandement donné aux choses, il faut que le travail s’élabore successivement. Il est possible qu’un même homme opère la suite des opérations nécessaires par une division introduite dans son propre travail, il est possible aussi qu’une répartition des tâches intervienne et que, pour des motifs divers, l’homme obtienne le concours d’autres hommes. C’est l’acte de socialité par excellence. Ces motifs peuvent être la contrainte, l’échange des valeurs ou l’acte désintéressé en considération de la personne d’autrui, ou du travail à réaliser.

b) Les rapports étant devenus internationaux, ils ont amené la collaboration internationale. Il importe désormais d’envisager et de traiter également les choses de la documentation sous l’aspect universel et mondial.

c) La question se pose ici de l’obligation ou de la liberté dans la coopération. En tous domaines un minimum étant nécessaire, n’est-ce pas par tous les moyens possible qu’il faut le réaliser ? L’exemple du Radio est typique. L’U. R. S. S. y agit à sa guise, elle ne coopère pas à l’organisation mondiale des ondes ; elle interfère, par ses propres ondes, dans tout le système mis en œuvre par les autres pays.

d) Dans les méthodes, bases de la coopération, il y a cinq étapes : 1° elles commencent par une idée théorique ; 2° ensuite elles s’appliquent individuellement ; 3° puis elles font l’objet de recommandations ; 4° finalement de règles ; 5° et on entrevoit le moment où des lois et aussi des conventions et traités internationaux, conclus entre gouvernements, imposeront certaines règles sans lesquelles des travaux fondamentaux ne peuvent se poursuivre.

411.56 Publicité des œuvres et des travaux scientifiques.

Cette publicité est à la base de tout ce qui s’entreprend dans le livre, lequel lui-même se définit « une publication ». On distinguera, entre la possibilité de connaître des faits et l’effort pour les faire connaître effectivement du très grand nombre des individus. La science, la technique, les industries, la conduite des affaires publiques doivent passer, graduellement de l’état de secret à l’état de publicité. Pour les lois, les brevets, le casier civil, l’état civil, les informations administratives telles que les statistiques, on a organisé la publicité.

Devant La multiplicité des travaux qui attendent leur tour de publicité, on sera amené à réaliser leur enregistrement dans des offices spéciaux où chacun pourra en obtenir copie (expédition),

411.57 Sériation des efforts. Étapes.

La différence est gronde entre une création de toute pièce, avec des puissants moyens d’idées, d’hommes, d’argent et une organisation reliant des éléments existants et qui ont chacun leurs propres moyens d’existence et de direction. On peut obtenir tout de la contrainte dans le premier cas ; il faut attendre tout de la bonne volonté dans le second cas. L’analogie est frappante ici entre l’organisation scientifique et la synthèse scientifique. Celle-ci s’opère constamment et spontanément dans la liberté avec, à la base, les myriades de résultats analytiques, particuliers et, au sommet, les directives générales, et les principes formulés par les esprits synthétiseurs. Cette synthèse s’opère ainsi en quelque sorte d’elle-même. Le Livre, qu’il faut organiser, est une réalité vivante et les organismes fonctionnent à la manière de tous les organes sociaux, partie spontanément, partie délibérément, rationnellement, conventionnellement. Le corps de la Documentation (Corpus documentarium) donne armature et soutien à la matière bibliologique (Materia bibliologica), laquelle se confond elle-même avec la science, l’art, la littérature, la technique et toute l’action. Il importe de ne détruire que ce qu’on a remplacé, de ne réformer que dans un cadre général, de savoir reconnaître avec tact et subtilité ce qu’il faut laisser à la vie propre et ce qu’il faut, au contraire, placer directement dans un cadre logique et naturel. En conséquence, toute l’organisation définie et conventionnelle doit procéder suivant les étapes déterminées par les circonstances. Il faut savoir préparer et mûrir l’action et considérer qu’en organisant certains îlots dans le vaste fleuve, on donne déjà une direction au flot lui-même.

412 Méthodes.

Les méthodes comprennent : 1° les règles unifiées et codifiées ; 2° le collectionnement systématique des documents eux-mêmes ; 3° la classification offrant un cadre commun à toutes les divisions de l’organisme et sous les numéros desquels figure tout sujet susceptible de l’intéresser ; 4° le système de rédaction analytique et synthétique, monographie et polygraphie ; 5° le système des formats ; 6° le système des fiches et feuilles à classement vertical ; 7° le système des duplicata et références consis-

  1. Le Deutsche Normenausschuss (Conseil allemand de la Normalisation) s’occupe depuis plusieurs années de la rationalisation dans le domaine des bibliothèques. Il poursuit l’application du DIN-format aux formats des livres et des revues, l’unification des titres cités (Zitiertitel), de la classification et d’autres matières. Le sous-comité pour la normalisation des bibliothèques est présidé par le Directeur Général Dr Kruss, délégué à la Commission de Coopération Intellectuelle de la S. D. N.