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ORGANISATION RATIONNELLE DU LIVRE

sins l’ordre suivi serait celui des numéros d’accession ou d’inventaire, avec éventuellement respect des divers fonds antérieurement constitués.

c) Ainsi les méthodes universelles constituent comme un réservoir général. Il appartiendra à chaque organisme de déterminer lui-même le degré auquel il les appliquera et l’étendue qu’il entend leur donner. Le Manuel Général des Méthodes sera donc complété par des instructions écrites, élaborées dans chaque établissement, et dans lesquelles se trouveront incorporées les décisions prises quant à l’application du manuel.

d) Le principe d’expansivité de la méthode offre plusieurs avantages. 1° Tout travail opéré une fois, à quelque degré élémentaire soit-il, est utilisable pour tout travail ultérieur. On sait exactement où l’on va ; on peut commencer par n’importe quel bout ; on est assuré de pouvoir à tout moment faire mieux et plus complet, de pouvoir faire face à l’accroissement subit ou considérable des collections, aux exigences nouvelles qui s’imposeraient. 2° Ceux qui ont à édifier de grandes architectures de documents (bibliothèque, catalogue, répertoires, archives, services y affectés) se sentent en communion de travail avec tous ceux qui de par le monde appliquent les mêmes méthodes, de pouvoir comme eux coopérer au développement et au perfectionnement des méthodes et des stations d’un réseau universel, et d’être activement reliés au centre de la Documentation Universelle. 3° Pour ceux qui ont à se servir des collections et à recourir aux services des Bibliothèques et Institutions documentaires, c’est avantageux de n’avoir à connaître qu’une seule méthode, générale, synthétique, unique, malgré ses degrés de développement et par suite de se sentir immédiatement « chez eux » partout où on les applique, ce qui fait gagner du temps et permet d’utiliser plus à fond les ressources documentaires de ces établissements. 4° Est rendu possible de plus en plus l’établissement en coopération de certains travaux et services. On s’élève ainsi progressivement à la conception de l’Unité de la Documentation correspondant à l’Unité des Connaissances ; par la pensée, toutes les Bibliothèques, toutes les Archives, tous les Musées, tous les Offices de documentation du monde constituent des branches idéelles d’une seule grande Organisation Universelle dont toutes les œuvres sont, par voie de libre lecture, vision, consultation, prêt, copie ou échange, à la disposition de tous.

« Ut omnes unum sint ». L’on se trouve ici au cœur du problème général du temps présent et aussi de tous les temps : individus et société, égoïsme et altruisme. L’homme a-t-il avantage aux formes supérieures de la socialité (solidarité, fraternité) ; est-il capable de s’élever jusqu’à elles par un effort conscient, rationnel, dirigé, constant ? Évidemment cet effort ne se justifie que s’il y a échange, réciprocité, mutualité. Mais il faut bien commencer et avoir conscience que le cercle ultime d’expansion, l’universalité et la mondialité, sauront ne pas détruire les cercles de l’individu, de l’institut, de la nation, mais au contraire les épurer de ce que l’égoïsme a nui à leur développement même.

411.54 Rationalisation, normalisation, standardisation.

a) Les règles à suivre pour la standardisation de la documentation ne sauraient être arbitraires. Elles doivent être coordonnées non seulement entr’elles, mais avec toutes les autres standardisations et surtout avec les manières de faire les plus généralement suivies parce qu’elles sont les plus naturelles ou les plus conformes aux habitudes sociales.

b) Les mouvements naturels sont basés sur l’usage prédominant de la main droite. Tous les gestes actifs, tous ceux qui exigent de l’habilité, de la force, de la grâce sont faits par la main droite.

Or les mouvements de la main droite sont commandés par la position du pouce qui, en se superposant aux autres doigts, fait de la main un instrument de préhension apte à tenir un outil, un ustensile et à le manier aisément. Ce fait détermine la position de la plume et la direction de l’écriture qui, chez les occidentaux, est universellement dirigée de gauche à droite et de haut en bas.

La droite demeure la place d’honneur. (L’Évangile déjà fixe cette place. Le Christ à la droite de son Père.) On peut le justifier par la facilité de venir en aide à qui l’on veut honorer. On laisse autrui sur sa droite en marchant car si l’on va au-devant de lui c’est plus facile pour le saluer du chapeau, pour lui tendre la main.

c) Dans la documentation il est naturel de ramener le plus de règles au livre et à la page du livre. Ceci conduit à quatre directions ou bases fondamentales : 1. de gauche à droite (sens de l’écriture et de la lecture) ; 2. de haut en bas (id.) ; 3. retour périodique à la ligne d’abord, à la page ensuite, au lieu d’une continuité de ligne et d’une continuité de papier ; 4. angle inférieur de gauche, base de tous les alignements. Cet angle est fixe quelle que soit la dimension.

D’où les applications suivantes : 1. les livres sont placés sur les rayons de gauche à droite, de haut en bas, en commençant après chaque rayon et après chaque travée. 2. Les fiches dans les répertoires sont classées de devant en arrière ; l’ordre chronologique des fiches est aussi d’avant en arrière ; les tiroirs sont disposés de haut en bas, et par rangées distinctes d’un seul tiroir. 3. Dans un dossier, les lettres anciennes sont classées les premières. 4. Dans les fichiers et les classeurs, les fiches divisionnaires sont placées devant les documents et non derrière ; les becs et encoches sont disposés de gauche à droite et en ordre strict de subordination (et non en chevauchant et