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ORGANISATION RATIONNELLE DU LIVRE

par un seul ou par quelques collaborateurs et arrêté après achèvement, les fiches permettent d’y travailler à un nombre illimité de personnes ; il ne doit jamais être tenu pour achevé.

c) Principe de la multiplication des données. Pour faire figurer les diverses données sous les divers ordres de classement (par exemple les ordres idéologiques, géographiques, chronologiques, etc.), on en multiplie les fiches.

4. — Les fiches ou feuillets s’organisent en Répertoires, disposés en Fichiers ou Classeurs, avec disposition verticale avec l’intermédiaire de fiches divisionnaires ou de dossiers.

5. — La Classification décimale exprime des classes dans un ordre relatif et non dans l’ordre absolu de nombres consécutifs. Elle fait fonction de pagination pour les Fichiers et Classeurs.

6. Deux méthodes générales sont en présence : fiches (feuilles) ou livres (registres). La première repose sur la mobilité des éléments composés, la seconde sur leur fixité. En combinant le système des fiches et feuilles avec le principe monographique, on obtient une coïncidence parfaite dans le document entre l’unité intellectuelle et l’unité physique du support écrit, entre le sectionnement de la pensée et les sections du livre dans le concret.

412.7 Le système des duplicata et références.

Un même document ne peut figurer en même temps qu’à une seule place, et cependant, à raison de ses caractéristiques, il peut relever de plusieurs séries. Pour obvier à cette difficulté, on se sert de duplicata (doubles) ou de références. Les notices d’un catalogue sont des représentants de documents catalogués : il y a là une application fondamentale et étendue du système duplicata-références. Mais le système est généralisable. Par ex., dans une bibliothèque, on pourra intercaler, aux places indiquées par la classification, des planchettes ou des cartons renvoyant aux places où le livre même a été classé en ordre principal. De même, dans un musée. En réalité, il s’agit moins de classer les documents que d’alimenter par les documents les diverses divisions ouvertes dans la classification. Celle-ci joue le rôle d’une sorte de catalogue préétabli de la collection à former.

412.8 Le système des répertoires et classement.

Le Répertoire a grandi petit à petit à côté du livre et ses perfectionnements tendent à créer un type nouveau qui modifie radicalement notre conception traditionnelle.

Un livre, au point de vue de sa forme, peut être défini un ensemble de pages coupées de même format et rattachées ensemble de manière à former un tout. Il n’en a pas été toujours ainsi. Longtemps le livre fut un rouleau, un volume (volumen). Sur la matière qui remplaçait alors le papier, papyrus et parchemin, on écrivait alors sans discontinuité, du commencement à la fin. Pour lire un tel livre, il fallait le dérouler. C’était assurément peu pratique pour la consultation de tels ou tels passages et pour l’écriture au verso. Le Codex, qui fut introduit dès les premiers siècles de notre ère, et qui est la base de notre livre actuel, obvie à ces inconvénients. Il est formé de feuilles pliées, disposées en pages qui se superposent, pivotant autour de l’axe du dos engagé dans la reliure ou le brochage et pouvant recevoir l’écriture au recto et au verso. Mais ses défauts sont nombreux. Il constitue une chose finie, terminée, non susceptible d’accroissement. La Revue, avec ses fascicules successifs, est venue donner à la science un moyen continu de concentrer ses résultats ; mais, à son tour, le recueil qu’elle forme a rencontré l’obstacle du désordre. Impossible de rassembler les notices portant sur des matières similaires ou connexes ; elles s’ajoutent pêle-mêle les unes aux autres dans les numéros successifs de la publication, et quand il s’agit d’y opérer des recherches, force est de manipuler des masses volumineuses et lourdes de papier. Les Tables y aident sans doute et de là les améliorations qu’on y an apportées : tables de matières, les unes systématiques, les autres analytiques ; tables des noms de personnes et de lieux. Les tables annuelles sont précédées de sommaires mensuels et suivies de tables générales, refondues tous les cinq, dix ou vingt-cinq ans. C’est un progrès, mais le Répertoire en est un plus grand encore.

Le Répertoire a pour » principe de dissocier ce que le livre a amalgamé, de ramener tout complexe à ses éléments et de consacrer une page à chacun de ceux-ci. Les pages sont ici, suivant le format, des feuilles ou des fiches. C’est le principe de la monographie poussé jusqu’à ses dernières limites. Plus de reliure, ou s’il en existe une, elle est mobile, c’est-à-dire qu’à tout moment les fiches rassemblées par une broche, une tringle de fixation, un anneau, une ligature quelconque, peuvent reprendre leur indépendance : on peut y intercaler des fiches nouvelles, déplacer les anciennes et procéder à un reclassement.

Nous possédons dans le Répertoire un instrument nouveau approprié à l’enregistrement analytique et monographique des faits, des idées, des informations. Le système s’est perfectionné par des fiches divisionnaires variées de formes et de couleurs, disposées de manière à exprimer extérieurement le cadre de In classification adoptée et à réduire ainsi au minimum le temps de la recherche. Le Répertoire s’est perfectionné encore par la possibilité d’utiliser, par découpage et collage, des matériaux imprimés sur grandes feuilles, ou même des livres publics sans souci de servir à des répertoires, dont deux exemplaires peuvent, l’un par le verso, l’autre par le recto, fournir les matériaux nécessaires. Allant plus loin, on a emprunté aux machines à statistiques du type de celles en usage dans le Census de Washington, le principe de « machines à sélectionner »,