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Page:Ourliac - Nouvelles.djvu/193

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Collinet. — Qu’est-ce encore que ce Collinet ? — C’est un farceur, un comédien. — Un comédien ! chez moi ! Qui donc l’a amené ? qu’est-ce que cela signifie ? »

Le vieillard traversa le salon d’un pas résolu. Collinet s’était levé. M. Sorel lui fit signe de la main et le mena vers la porte. « Monsieur, lui dit-il à demi-voix, je suis fâché qu’on vous ait introduit chez moi. Je m’en expliquerai avec qui de droit. Vous deviez savoir que je ne recevais point de gens de votre sorte. Vous me forcez de vous le dire. Je vous salue. »

Collinet, égaré, salua et sortit. Un profond silence s’ensuivit. Ces messieurs essuyèrent la méchante humeur du vieillard ; mais on s’excusa comme on put, on finit par badiner de l’événement, et l’on en causa longuement. Clémence sortit sous un prétexte, et se retira dans sa chambre. Elle avait souffert, durant cette scène, pour le moins autant que Collinet.

La soirée avait mal tourné. Ces messieurs en demeurèrent mal à l’aise. Leur dénouement avait laissé un tel sérieux, qu’ils n’en eurent pas la joie qu’ils pensaient. Ils n’auraient point voulu que cela finît ainsi. Ils reculaient d’ailleurs devant la haine de Collinet, qui était après tout un bon enfant. Pelletier se proposa de l’aller voir le lendemain.

Il s’informa d’abord à l’hôtesse. Le comédien, en rentrant, avait demandé de l’encre et des plumes ; il avait écrit toute la nuit. Pelletier craignit que ce ne fût à M. Sorel ou à sa fille. Il monta.

Collinet le reçut d’un air doux et froid ; il renvoya bien loin les excuses et les raisons : Ce n’était rien, disait-il,