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Page:Ourliac - Nouvelles.djvu/194

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cela ne valait point la peine, il était accoutumé à ces choses-là. Seulement il s’échauffa malgré lui quand Pellettier vint à parler de Clémence. Il laissa voir sa curiosité pour ce qu’elle avait dit et fait quand il était sorti. Pellettier, qui le pénétrait, appuya là-dessus de la façon la plus fausse et la plus consolante. — Clémence, disait-il, avait paru fort désolée de ce qui s’était passé. Tout le monde s’en était montré mécontent et surpris. Au reste, cela était de peu de conséquence et ne méritait pas grande attention. Ce M. Sorel était un vieux fou qui avait parfois d’étranges lubies. Il était brusque et dur. Il faisait de ces algarades à tous ceux qui allaient chez lui. On n’y prenait pas garde, et on ne laissait pas d’y retourner parce qu’il n’y songeait plus le lendemain, et que sa fille était aussi douce et agréable qu’il était lui-même difficile et brutal. Au surplus, elle lui avait fait ses représentations au sujet de cette scène, et ne se lassait pas d’en plaindre la victime.

Ces détails firent grand bien à Collinet ; il ne lui vint pas à l’esprit de les mettre en doute. Il ne pouvait croire tout de suite tant d’habileté à Pelletier ; il s’y trompa, comme il arrive à tout homme d’esprit, avec un sot qui en prend la peine ; plus il marquait d’avidité, et plus Pelletier s’en donnait à l’aise. — Il ne serait pas étonné que Clémence lui envoyât faire des excuses, soit au nom de son père, soit au sien propre ; elle en avait du moins témoigné l’envie à plusieurs reprises.

Pelletier finit en invitant Collinet à le suivre à la Couronne, où ses amis le dédommageraient de cette mauvaise soirée. Collinet s’excusa sous divers prétextes, et laissa partir le jeune homme. Cette conversation l’avait raffermi