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Page:Ourliac - Nouvelles.djvu/197

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jeune homme qui ai ramassé du pain où j’en ai trouvé.

« Tel que je suis, je puis lever le front. Il est un seul moment où je tremble, où je rougis en songeant à vous, où je fléchirais comme un criminel sous votre regard : c’est le soir, bariolé d’oripeaux, quand je me ravale à quelque ignoble farce, et que je prostitue au parterre imbécile le corps et l’esprit que Dieu m’a donnés. Ah ! je vous en prie surtout : vous n’alliez jamais au théâtre, je le savais, j’étais tranquille ; n’y venez pas maintenant, ayez cette miséricorde, épargnez-moi cette dernière honte, ne m’accablez pas dans mon abaissement ; vous feriez un échafaud de ce théâtre assez infamant déjà. Un jour viendra, j’espère, où ce sera mon trône. Vous m’avez rendu ardent et fort ; c’est à présent comme si je combattais sous vos yeux dans un cirque ; car je vous aime, Clémence ; pourquoi ne pas le dire ? Je vais partir bientôt ; mais je reviendrai un jour, soyez-en sûre, je reviendrai vous voir, riche et fier. Je vous dirai alors ce que j’ai fait pour vous, ce que je suis devenu par vous, et je mettrai tout à vos pieds. Hélas ! que sera-t-il arrivé alors ? Vous serez loin d’ici, mariée, perdue. Quelle triste chose pourtant ! vous me verrez du moins, Dieu le permettra. Je vous parlerai de vos promesses, de cette lettre que je couvre de baisers et de pleurs ; et, s’il vous souvient encore de ce pauvre comédien que votre père chassa un jour de chez lui, vous verrez du moins qu’il ne mentait pas et qu’il vous aimait de toute son âme. »

Il plia ce papier et le serra avec soin, fort embarrassé de l’envoyer sûrement. Il reparut à la Couronne dans la journée. Sa lettre l’avait soulagé ; il n’eut que peu d’efforts