Page:Ourliac - Nouvelles.djvu/198

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à faire pour se donner bonne contenance. Il demanda à boire, et se montra d’assez belle humeur ; seulement ses propos tournaient un peu à l’aigre ; mais il n’en divertit que mieux l’assemblée aux dépens des pauvres diables qu’il entreprit.

Pelletier s’en était allé tout chaudement retrouver ses complices après sa visite à Collinet. Il leur conta de point en point l’état où il l’avait trouvé, ce qu’ils s’étaient dit, et la lettre qu’il soupçonnait. Il avait à cœur de pousser jusqu’au bout ses feintes consolations, pour se remettre tout à fait bien avec le comédien. Il proposa, selon ce qu’il lui en avait déjà dit, de lui envoyer une fausse lettre d’excuses de la part de Clémence. On applaudit à cette autre malice, et l’on se disputait déjà la rédaction du poulet, quand. Pelletier, en train de rire, découvrit un second avantage au projet : si l’affaire était discrètement menée, Collinet répondrait ; il devait être en peine pour la lettre qu’il avait écrite la nuit ; il la livrerait peut-être, et cette lettre toute fumante de la scène devait contenir de grandes curiosités ; ils devaient surtout y être fort maltraités ; ils l’empêchaient par là d’arriver à Clémence, ils s’en amuseraient en même temps, de façon que tous leurs intérêts s’y trouvaient réunis. Il ne s’agissait que d’un messager sûr et bien dressé. Ils tramèrent la chose en commun et avec toutes les précautions dont ils furent capables.

Le soir, comme Collinet rentrait chez lui, on lui dit qu’une vieille femme était venue le demander. Cela lui parut étrange dans une ville où l’on savait à peine sa demeure ; les propos de Pelletier lui revinrent à l’idée. Il