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Page:Ourliac - Nouvelles.djvu/231

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— À la bonne heure.

— Faut-il que je lui ferme à jamais le cœur de son oncle ?

— Je ne dis pas cela.

— Et que le fils de ma sœur ne trouve plus en moi qu’un homme dur et inaccessible ?

— À Dieu ne plaise, dit frère Paul les larmes aux yeux, je n’ai rien à dire à cela. Partons, notre oncle ; votre pays fût-il au bout du monde, je vous suivrai. Je me flatte d’aimer votre neveu autant que vous l’aimez vous-même, malgré ses inventions, s’il vaut en toute sa personne ce que vous valez dans votre petit doigt. Partons vite, allons, tôt faisons nos paquets.

— Que dis-tu là, frère Paul ? Si tu veux me suivre, je suis tout décidé, car je n’aurais pu me résoudre à me séparer de toi.

— Laissez-moi seulement dormir une couple d’heures, et je suis à vous.

Catherine, qui entendait le propos, se mit vivement à pleurer, et le voisinage prit bientôt part à cette affliction.

L’oncle Scipion rangea sa maison, cousit ses vieux louis dans la doublure de sa veste, et commença de faire ses adieux à chacun.

Au point du jour, frère Paul le vint prendre, bien lesté, bien guêtré, bien sanglé, une pinte dans l’estomac, autant dans sa gourde, et un grand bâton à la main, comme un homme qui défie les quatre éléments.

— Çà, çà, disait-il aux bonnes gens qui étaient là, finissons de pleurer, vous me feriez pleurer aussi, et rien ne me met plus en colère.