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Page:Ourliac - Nouvelles.djvu/254

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dans leur loge. Quelques-uns soulevaient à temps égaux une lourde manivelle, qui avait plus de semblant d’intelligence qu’eux-mêmes ; d’autres tournaient une roue ; d’autres se tenaient tout nus, tout noirs, en des espèces de fourneaux ardents où eût cuit un bœuf, maniant des barres de fer rouge et s’agitant dans ces flammes comme des martyrs dans une fournaise.

Les voyageurs, ouvrant les yeux sur ce spectacle, frémirent en eux-mêmes ; puis frère Paul, frappant les mains l’une contre l’autre et les élevant toutes jointes vers le ciel :

— Hé mon Dieu ! qu’ont pu faire ces gens-là pour être jetés dans de tels tourments ? Notre oncle, votre neveu tient boutique aux enfers. Eh quoi donc ! arracher ces pauvres gens à leurs champs, au bon air, au soleil du bon Dieu, et les plonger tout vivants dans ces chaudières, voilà ce que vous appelez des progrès !

L’oncle Scipion, saisi d’horreur, n’osait dire un mot.

— Vous n’y entendez rien, s’écria Dumarsouin impatienté ; vous sentez encore votre village. Permettez que je vous explique le tout en détail : tous ces gens-là travaillent, prennent de la peine à la vérité, mais ils gagnent leur vie.

— Morbleu ! dit frère Paul, ils la perdent.

— Admirez plutôt l’ordre, l’ensemble et les effets prodigieux de ces machines, reprenait Dumarsouin. Tenez, voyez ceci.

Il les fit arrêter devant une lourde pièce de fer perpendiculaire qui retombait avec fracas à coups égaux et précipités.