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Page:Ourliac - Nouvelles.djvu/262

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— Ah ! diable, dit le médecin en hochant la tête, je ne m’étonne plus ; et, sans doute, vous l’avez assaisonnée, votre salade ? Vous ne l’avez pas mangée sans huile et sans épices ?

— Cela serait tout à fait brouter, dit l’oncle Scipion.

— Le cas est grave, dit le médecin, vous vous êtes gorgé de substances vénéneuses ! vous avez mangé de l’huile : mais nos marchands donnent de l’huile de pavot pour de l’huile d’olive, et vous savez que le pavot est un poison.

L’oncle Scipion pâlit.

— Rassurez-vous, dit le docteur, c’est ici matière a contestation, et l’on assure que l’huile de pavot n’a rien des propriétés nuisibles de la capsule du pavot ; mais vous avez avalé du vinaigre, et le vinaigre est mélangé d’acide sulfurique, ou, si vous aimez mieux, d’huile de vitriol.

— Du vitriol ! répéta frère Paul.

— Ah ! dit l’oncle Scipion, que n’avons-nous mangé la laitue toute crue avec un peu de sel et de poivre !

— Le sel, monsieur ! dit le médecin, ce sel que vous avez mangé est mêlé d’iode, qui est encore un poison, et de sulfate de chaux ou plâtre tamisé, qui donne la pierre.

— Ôtez-vous de là ! s’écria frère Paul, je vais éclater comme une bombe, car le poivre, sans doute, n’est que de la poudre à canon.

— Non, dit le médecin, mais seulement de la terre d’Auvergne. Sans compter que vous avez bu sans doute de ces petits vins du pays qui sont étendus de litharge, et que vous avez mangé du pain falsifié par divers procédés ; mais rincez-vous seulement les dents à cause du vitriol