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Page:Ourliac - Nouvelles.djvu/263

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qui en ôte l’émail, et je vous ordonnerai un purgatif pour le reste. Il ne faut plus manger de salade.

— Non, dit frère Paul, nous ne mangerons plus que des médicaments.

— Ne vous y fiez pas, dit le médecin ; les pharmaciens ne laissent pas d’altérer aussi leurs formules. Tout marche avec le siècle, et, par exemple, ils glissent dans le quinquina, dans les sels de sulfate de quinine, de la poudre d’écorce de chêne et d’autres mélanges de ce genre.

Frère Paul se jeta aux genoux du médecin.

— Monsieur le docteur, je ne passerai pas grand temps dans ce pays, Dieu le veuille ; mais, au nom du ciel, donnez-moi les moyens de m’en tirer sain et sauf. Comment échapper à ces poisons, à ces pilleries ?

— Rien n’est plus facile, dit le docteur ; êtes-vous chimiste ?

— Non, dit frère Paul.

— Ou du moins physicien ?

— Non. Ni vous non plus, je m’assure, père Scipion.

— C’est fâcheux, dit le docteur ; car, étant chimiste, vous auriez à votre disposition tous les réactifs, et la physique vous fournirait des instruments pour démêler certaines fraudes. Voici pourtant quelques indications pour le commun usage : rien n’est plus aisé que de découvrir les doses de sulfate et d’acide sulfurique dans le vin, le vinaigre, le sel de cuisine ; il ne faut qu’un peu de nitrate de baryte ; et comme on met aussi de l’alun dans le vin, on peut s’en assurer facilement en précipitant l’alumine par l’ammoniac, après avoir, au préalable, décoloré la liqueur par le chlore.