Page:Ourliac - Nouvelles.djvu/301

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ment approchait, il prenait plus de libertés, et l’économe baissait le ton, mais n’en travaillait que plus ardemment à se délivrer de lui. Déjà, par ses soins, Jacques était perdu auprès de ses patrons. C’était un paresseux, un débauché, un philosophe, un homme dangereux. Une étincelle fit éclater cette mine.

On avait recueilli dans l’hôpital une jeune et jolie fille malade, et dans le dernier dénûment. Jacques s’intéressait à sa position et profitait de son emploi pour lui procurer quelques douceurs. Elle commençait à peine à se rétablir quand l’économe la renvoya tout à coup, sans lui donner les secours qu’on accordait en pareil cas. Jacques demeura confondu de cette mesure. Cette fille vint le trouver tout en larmes, et lui laissa entendre que l’économe lui avait tenu je ne sais quel odieux discours qu’elle avait refusé d’écouter. Jacques ne put se retenir en cette occasion : il laissa voir son opinion, et, comme l’économe descendait à discuter, il s’emporta au point de lui faire sentir qu’il savait tout. M. Lecamus comprit qu’il y allait de son salut ; il se hâta de prévenir le coup auprès des chefs, tourna sa honteuse action contre Jacques, l’accusa de relations avec cette fille, et leur mit hypocritement le marché en main, disant qu’après ce qui s’était passé, l’on n’avait plus qu’à choisir entre lui, l’économe, et un simple commis déjà si mal famé. Jacques fut renvoyé. Il savait les menées de son adversaire, la renommée qu’il lui avait faite ; il dédaigna de se justifier et quitta fièrement la maison.

Il sembla que la Providence le protégeait en cette occasion ; car, à peine eut-il fait quelques démarches pour améliorer sa position, qu’un de ses poèmes fut imprimé avec