heurs de famille, et l’on produisit à l’appui des papiers irrécusables, des actes de mariage, les titres de la dot perdue, les états de service de l’acte de décès de feu M. Fressurey. Ces pièces justificatives, proposées sans affectation, ne laissaient point de doute sur d’honorables antécédents. On disait à ce sujet qu’on n’était pas née pour exercer publiquement des talents qui n’étaient que le fruit d’une éducation recherchée ; enfin, c’était l’histoire la plus connue et la plus touchante du monde.
Il n’en fallait pas tant pour enflammer Baffi, qui ne vit plus là une bonne fortune vulgaire, moins encore des femmes de théâtre cherchant aventure, mais la vertueuse héritière d’une honnête famille tombée dans la nécessité par suite des plus cruels revers, et qui ajoutait le prestige du talent à tant de grâces intéressantes. Qui sait même si Baffi fut en état d’apprécier les charmes trompeurs de ces illusions, et s’il était besoin de tant de frais avec lui ? Qui sait si l’admiration ébahie de la mère Fressurey et l’espèce de culte que rendaient ces deux femmes à ses agréments n’auraient point suffi pour lui tourner la tête ?
Un mois après, Cécile occupait un joli appartement dans la Chaussée-d’Antin, fort enviée par de chères amies qui l’avaient écrasée longtemps de leur mépris. Ce fut à cette époque que naquirent, d’année en année, les deux petits enfants qui devaient porter plus tard le nom glorieux de Schérer ; mais toute la tendresse de Baffi et son aveugle abandon ne purent aller jusqu’à régulariser l’existence de ces innocents ; il fit valoir à cette occasion sa jeunesse et la sévérité d’un père entiché de préjugés nobiliaires, qui serait capable de faire en personne le voyage de Paris et