Page:Ourliac - Nouvelles.djvu/33

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de se porter à des extrémités, s’il venait à savoir que les folies de son fils devinssent si patriarcales.

Sur cette menace, les dames Fressurey se résignèrent. Néanmoins, la naissance de ces enfants resserra singulièrement les liens qui enchaînaient Baffi, et Cécile mit cette circonstance à profit. Les dames Fressurey, après avoir reconquis une certaine aisance, s’avisèrent prudemment que le meilleur moyen de prolonger une liaison si profitable était de ressaisir quelque considération. Puis, on voulait tenir son rang, se montrer digne, des visites de M. le comte et s’insinuer dans un meilleur monde. On connaît l’ancien faible de mademoiselle Fressurey pour les relations brillantes : il s’était réveillé dans sa fortune inattendue. On songeait d’ailleurs à l’avenir des enfants : on voulait faire une fin. Ces dames commencèrent par éconduire leurs amies de théâtre ; elles allèrent se loger dans le faubourg Saint-Germain, et affectèrent un train scrupuleux qui charmait M. le comte, lequel s’applaudissait d’avoir retiré de l’infortune deux femmes si recommandables. Cependant, un souci cruel troublait ces dames dans leurs desseins ambitieux : l’irrégularité de leur position était un cruel obstacle à leur avancement dans le monde. Baffi avait souvent promis d’assurer leur sort par la donation en bonne forme d’une certaine somme ; mais, par suite de ses prodigalités ou des empêchements qu’il prévoyait de la part de sa famille, il n’en faisait rien. Ses enfants même n’avaient rien d’assuré, et quant à se faire épouser, Cécile, qui osait y penser de loin, perdit peu à peu cet espoir, à cause des grandes difficultés qu’elle y découvrit. Néanmoins, il pouvait arriver de tels changements, et l’on pou-