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Page:Ourliac - Nouvelles.djvu/325

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toutes les grâces inoffensives de sa personne. J’étais plus que convaincu de sa bonhomie, de sa franchise, et j’admirai de l’avoir deviné dès le matin même.

— Et quant à ma condition présente, reprit-il, elle est au grand soleil, il ne tient qu’à vous de la vérifier. Je demeure ici près, je vous l’ai dit ; je suis rayé des contrôles de la garde nationale parce que mon âge m’a de droit dispensé de ce service, mais je remplis avec zèle tous mes autres devoirs de citoyen, je paye régulièrement mes petites impositions.

Je professe en toutes choses les opinions les plus modérées. Informez-vous dans le quartier, je n’ai pas un sou de dettes. J’ai désormais borné mes désirs aux jouissances de la vie privée et de la famille. Je vis tout doucement de quelques économies amassées dans le commerce des esprits. Je jouis en outre d’une petite pension de retraite obtenue après quinze ans de service au ministère de l’instruction publique. Mes concitoyens ont honoré mon repos de leur confiance. Je suis membre du bureau de bienfaisance et mon portier vous dira que je mène la vie la plus régulière et la plus discrète. Je rentre pour l’ordinaire à neuf heures et demie en toute saison.

Il s’arrêta, et lisant sans doute sur mon visage les objections sans nombre qui s’élevaient dans mon esprit contre mon premier avertissement :

— Ce n’est pas, reprit-il que je prétende absolument démentir des traditions universelles et si respectables par leur ancienneté, les arguties des hérétiques et des pédants les plus subtils viennent se briser contre les autorités de ce genre. Moi-même je n’y saurais mordre. Ce n’est