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teur nocturne et un homme que j’avais souvent rencontré dans la rue, même figure, même physionomie, mêmes habits.

C’était bien lui et je reconnus qu’il ne m’avait pas trompé, mais mon indignation ne fit que s’accroître.

C’était un petit vieillard que j’avais souvent vu sur la porte du marchand de tabac, rangeant dans sa boîte la poudre qu’il venait d’acheter… c’était bien le même, je ne m’y trompais pas.

La vieille Desfontaines, voyant que je n’étais pas en état de l’écouter :

— Eh ! monsieur, vous avez bien failli brûler cette nuit ?

— Oui, repris-je, frappé seulement alors de cet autre danger que j’avais couru, oui, ma bonne Desfontaines, j’ai bien failli brûler.

— Votre table était couverte de cire, toute la bougie a coulé… votre journal a pris feu… je ne comprends pas comment cela ne vous a pas réveillé.

Elle me fit voir, en effet, que la bougie s’était fondue dans le creux du bougeoir. La cire s’était répandue sur la table, la mèche avait glissé de côté et la flamme avait atteint le feuilleton de Monsieur Blondel, qui justement avait brûlé en entier.

— Mais, dis-je en cherchant à recueillir mes esprits.

— Vous vous serez endormi en lisant.

— C’est possible.

— Vous teniez encore ce chiffon de papier à la main.

Je me rappelais cette flamme que j’avais cru voir en allumant ma bougie.

— C’est donc un rêve… N’est-il venu personne hier au soir ?