Page:Ourliac - Nouvelles.djvu/346

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se jetèrent entre ces messieurs ; mais le lieutenant s’écrie qu’il est blessé aussi, que la chance étant égale, il faut en finir au pistolet.

Ronquerolles souleva son poignet et en fit jouer les articulations pour essayer ses forces ; mais Haubert, lui voyant à peine la force de se soutenir à terre, voulait arrêter le combat et le remettre au moins à plus tard ; néanmoins le lieutenant fit rage pour en finir, puisqu’on était en si bon train.

— Vous êtes debout et cet homme est par terre, vous n’avez plus qu’à l’assassiner, dit Haubert.

On attendait pendant ce débat que Ronquerolles pût recueillir assez de force pour dire son avis ; il fit signe que oui de la tête.

— Laissez-le se contenter, dit-il à Haubert ; je le veux bien moi.

Il fallut le temps d’aller chercher des pistolets. On n’alla pas loin ; mais ce retard fut abominable, car ces deux hommes perdaient tout leur sang ; on s’efforça de bander leurs plaies avec des cravates et des mouchoirs.

Ronquerolles surtout semblait sur le point d’expirer. Les pistolets venus, le lieutenant déclara qu’il laisserait tirer Ronquerolles le premier pour lui rendre quelque avantage. On fut obligé de présenter à celui-ci son pistolet armé ; il le saisit d’une main défaillante qui retomba en tirant le coup ; mais Soupied tomba de son côté en tournant sur lui-même. La balle l’avait frappé à la tempe et lui avait fait sauter une partie du crâne.

Ronquerolles s’évanouit et demeura longtemps sans connaissance, ce qui ne fut que le prélude d’une longue et