voir dans tout ceci, elle disparut trois jours après, et l’on accusa généralement le lieutenant Soupied d’avoir pris part à cet enlèvement. Mais le capitaine Haubert, l’ami de Ronquerolles, entra chez ce dernier le même jour.
— Il n’y a pas de mal. Je sais l’adresse du lieutenant. M’en croiras-tu cette fois ?
— Tu as raison, dit Ronquerolles, il faut que je le tue.
Haubert accompagna son ami en cette entrevue, le lieutenant ne se fit pas prier pour tout avouer et poussa même la franchise jusqu’à dire à Ronquerolles qu’il cherchait depuis longtemps une occasion de se défaire de lui, et qu’il était charmé de l’avoir si bien provoquée.
On passe immédiatement la barrière de l’École-Militaire avec des armes et des témoins, tous officiers du régiment.
C’était une de ces étranges affaires sans animosité et qui ne peuvent pourtant s’arranger, on va se battre de sang-froid comme on irait signer un contrat ou fusiller un homme. Le lieutenant seul laissait percer une furie concentrée. Il se jeta d’abord comme un forcené sur Ronquerolles, qui n’eut qu’à pousser son épée pour la lui loger dans l’épaule. Mais cette blessure sans gravité redoubla la rage du lieutenant, qui s’écria qu’il n’en sentait rien, ce qui était vrai sans doute dans l’état d’exaspération où il était. Ronquerolles en fut si surpris qu’il se fit scrupule de pousser un homme égaré, et se laissa donner un coup d’épée dans les côtes ; voilà Ronquerolles qui s’échauffe à son tour, il blesse son adversaire, il reçoit en même temps un coup qui lui perce le bras et peu après un second qui l’atteint au bas-ventre et le fait tomber sur les genoux. Les témoins