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Page:Ourliac - Nouvelles.djvu/71

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tout boursouflé dans la loge, pour donner cours à son humeur, comme aussi pour dégonfler ses poches des sucreries qu’il y avait glissées malgré l’active surveillance de madame Fressurey.

— A-t-on jamais vu ? dit-il en fermant brusquement sa porte vitrée.

— Eh ben ! quoi donc ? dit la portière.

— Ces bégueules d’en haut…

— Je m’y attendais.

— Ça prend des airs avec moi, quand j’y vas par complaisance.

— Ah ! ben, par exemple.

— Renault, dit la jeune ; Renault, allez-vous en.

Le portier imitait le ton renchéri de Cécile, d’une voix de fausset qui fut peut-être l’intonation la plus comique qu’il eût jamais poussée ; il reprit de sa voix naturelle :

— Comme si j’étais leur domestique ! Tiens, que j’avais envie de lui répondre, est-ce que nous avons gardé vos amis ensemble ? Il ne s’en est pas fallu d’un cheveu que je ne lui réponde ça.

— Mon Dieu, mon Dieu, dit la portière, faudra donc que je les remette à leur place.

— Et puis cette vieille qui est toujours sur vos talons, et qui a l’air de se méfier, comme si on était des voleurs… Pour des saloperies comme ça, ajouta Renault en déposant sur la cheminée de la loge les biscuits et les marrons glacés en miettes dont il avait bourré sa poche.

En même temps il tira le cordon sur un coup formidable qui retentit à la porte de la rue et qui fit monter la mauvaise humeur des portiers à son comble.