gretto du bout de sa canne, ce qui ne laissa pas de devenir un tableau fort intéressant pour ceux qui s’en avisèrent ; puis, promenant ses yeux éblouis sur les danseuses formant les figures d’un pas léger, il lui échappait à mi-voix des approbations que les proches voisins purent apprécier.
— Que c’est gentil ! ça vous marcherait sur un fer rouge… en v’là du sexe !… et cette petite qui trotte… c’est comme au théâtre, quoi !… Bravo ! les amours… et allez donc !…
Il faut dire que Schérer, sauf une garde montée à Vienne, un jour de fête, à l’état-major français, et sauf les blanchisseuses du Gros-Caillou, qui le dimanche dansaient dans la salle du Galant-Hussard ; à part ces exceptions, dis-je, si l’on peut les mettre en ligne de compte, Schérer n’avait jamais vu de femmes en robe de bal. C’est plus qu’il n’en faut pour expliquer son ravissement, sans y ajouter l’éblouissante clarté des quinquets et les odeurs capiteuses qui s’exhalaient de toutes parts des mouchoirs et des flacons des danseuses ; mais dans ce spectacle enchanteur, sa plus grande curiosité était pour sa femme, pour Cécile, qu’il ne perdait pas de vue. Schérer croyait rêver en se figurant qu’il était l’époux légitime de cette femme jeune, pincée, charmante, tout habillée de gaze et de fleurs. Notez que le vieux guerrier contenait au moment présent trois ou quatre bouteilles, grande mesure, de spiritueux, peu plus peu moins. Il souriait, bégayait, claquait des doigts, avec toutes les mines béates d’un magot articulé. Un moment il sortit de sa béatitude, tandis que Madame Fressurey passait d’une pièce dans l’autre,