Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/295

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La table et les festins offrent aussi près des belles un facile accès, et le plaisir de boire n’est pas le seul qu’on y trouve. Là, souvent l’Amour aux joues empourprées presse dans ses faibles bras l’amphore de Bacchus. Dès que ses ailes sont imbibées de vin, Cupidon, appesanti, reste immobile à sa place. Mais bientôt il secoue ses ailes humides, et malheur à celui dont le cœur est atteint de cette brûlante rosée ! Le vin dispose le cœur à la tendresse et le rend propre à s’enflammer ; les soucis disparaissent, dissipés par d’abondantes libations. Alors viennent les ris ; alors le pauvre reprend courage et se croit riche : plus de chagrins, d’inquiétudes ; le front se déride, le cœur s’épanouit, et la franchise, aujourd’hui si rare, en bannit l’artifice. Souvent, à table, les jeunes filles ont captivé notre âme : Vénus dans le vin, c’est le feu dans le feu.

Défie-toi alors de la clarté trompeuse des flambeaux : pour juger de la beauté, la nuit et le vin sont de mauvais conseillers. Ce fut au jour, à la clarté des cieux, que Pâris vit les trois déesses, et dit à Vénus : "Tu l’emportes sur tes deux rivales." La nuit efface bien des taches et cache bien des imperfections ; alors il n’est point de