Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/296

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femme laide. C’est en plein jour qu’on juge les pierres précieuses et les étoffes de pourpre ; c’est en plein jour aussi qu’il faut juger le visage et la beauté du corps.

Compterai-je toutes ces réunions propres à la chasse aux belles ? J’aurais plutôt compté les sables de la mer. Parlerai-je de Baïes, de ses rivages toujours couverts de voiles, de ses bains où bouillonne et fume une onde sulfureuse ? Plus d’un baigneur, atteint d’une blessure nouvelle, a dit en la quittant "Ces eaux vantées ne sont point aussi salubres qu’on le dit."

Non loin des portes de Rome, voici le temple de Diane, ombragé par les bois, et cet empire acquis par le glaive et par des luttes sanglantes. Parce qu’elle est vierge, parce qu’elle hait les traits de l’amour, Diane a fait bien des blessures ; et elle en fera bien d’autres encore.

Jusqu’ici ma muse, portée sur un char aux roues inégales, t’a indiqué les lieux ou tu dois tendre tes filets et choisir une maîtresse. Maintenant, je vais t’apprendre par quel art tu captiveras celle qui t’a charmé ; c’est ici le point le plus important de mes leçons. Amants de tous pays, prêtez à ma voix une oreille attentive ; et que mes promesses trouvent un auditoire favorable.

Sois d’abord bien persuadé qu’il n’est point de femmes qu’on ne