Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/303

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

billet, te charme par sa beauté non moins que par son zèle et son empressement, tâche d’abord de posséder la maîtresse ; que la suivante vienne ensuite ; mais ce n’est point par elle que ton amour doit commencer. Seulement je t’avertis, si tu as quelque foi dans l’art que j’enseigne, si les vents ravisseurs n’emportent pas mes paroles à travers les flots de la mer, de ne point tenter l’aventure, à moins de la pousser à bout. Une fois de moitié dans le crime, la suivante ne te trahira point. L’oiseau dont les ailes sont engluées ne peut voler bien loin ; le sanglier se débat en vain dans les filets qui l’enveloppent ; dès qu’il a mordu à l’hameçon, le poisson ne saurait s’en déprendre. Pour toi, pousse ton attaque jusqu’à bonne fin, et ne t’éloigne qu’après la victoire. Alors, complice de ta faute, elle n’osera te trahir ; et, par elle, tu sauras tout ce que fait et dit ta maîtresse. Mais surtout sois discret ; si tu caches bien tes intelligences avec la suivante, tout ce que fait ta belle n’aura plus pour toi de mystères.

C’est une erreur de croire que les cultivateurs et les pilotes doivent seuls consulter le temps. Comme il ne faut pas en toute saison confier la semence à une terre qui peut tromper nos voeux, ni livrer aux hasards de la mer un faible navire, de