Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/306

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

gracieux et les douces paroles à l’usage des amants ; et, quel que soit ton rang, ne rougis pas de descendre aux plus humbles prières. Touché de ses prières, Achille rendit à Priam les restes d’Hector. La colère même des dieux cède aux accents d’une voix suppliante.

Promettez, promettez, cela ne coûte rien ; tout le monde est riche en promesses. L’espérance, lorsqu’on y ajoute foi, fait gagner bien du temps ; c’est une déesse trompeuse, mais on aime à être trompé par elle. Si tu donnes quelque chose à ta belle, tu pourras être éconduit par intérêt : elle aura profité de tes largesses passées et n’aura rien perdu. Aie toujours l’air d’être sur le point de donner ; mais ne donne jamais. C’est ainsi qu’un champ stérile trompe souvent l’espoir de son maître ; qu’un joueur ne cesse de perdre, dans l’espoir de ne plus perdre, et que le sort chanceux tente sa main cupide. Le grand art, le point difficile, c’est d’obtenir les premières faveurs d’une belle sans lui avoir fait encore aucun présent : alors, pour ne pas perdre le prix de ce qu’elle a donné, elle ne pourra plus rien refuser.

Qu’il parte donc ce billet conçu dans les termes les plus tendres ; qu’il sonde ses dispositions et te fraye le chemin de son cœur. Quelques lettres, tracées sur un fruit, trompèrent la jeune Cydippe ; et l’imprudente,