Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/305

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il étalera toutes ses marchandises ; et la belle ; pour te fournir l’occasion de montrer ton bon goût, te priera de les examiner puis elle te donnera un baiser ; puis enfin elle te suppliera de faire quelque emplette : "Ceci, dit elle, me suffira pour plusieurs années ; j’en ai besoin aujourd’hui, et vous ne pourrez jamais acheter plus à propos". En vain tu allègueras que tu n’as pas chez toi l’argent nécessaire pour cet achat : on te demandera un billet, et tu regretteras alors de savoir écrire.

Combien de fois encore lui faudrait-il quelque cadeau pour le jour de sa naissance ! Et cet anniversaire se renouvellera aussi souvent que ses besoins. Combien de fois, désolée d’une perte imaginaire, viendra-t-elle, les yeux en pleurs, se plaindre d’avoir perdu la pierre précieuse qui ornait son oreille ! car c’est ainsi qu’elles font. Elles vous demandent une foule de choses qu’elles doivent vous rendre plus tard ; mais une fois qu’elles les tiennent, vous les réclamez en vain. C’est autant de perdu pour vous, sans qu’on vous en ait la moindre obligation. Quand j’aurais dix bouches et autant de langues je ne pourrais suffire à énumérer tous les manèges infâmes de nos courtisanes.

Tâte d’abord le terrain par un billet doux écrit sur des tablettes artistement polies. Que ce premier message lui apprenne l’état de ton cœur ; qu’il lui porte les compliments les plus