Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/318

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faire violence, dis-tu ? Mais cette violence plaît aux belles, ce qu’elles aiment à donner, elles veulent encore qu’on le leur ravisse. Toute femme, prise de force dans l’emportement de la passion, se réjouit de ce larcin : nul présent n’est plus doux à son cœur. Mais lorsqu’elle sort intacte d’un combat où on pouvait la prendre d’assaut, en vain la joie est peinte sur son visage, la tristesse est dans son cœur. Phoebé fut violée ; Ilaïre, sa sœur, le fut aussi ; cependant l’une et l’autre n’en aimèrent pas moins leurs ravisseurs.

Une histoire bien connue, mais qui mérite d’être racontée, c’est la liaison de la fille du roi de Scyros avec le fils de Thétis. Déjà Vénus avait récompensé Pâris de l’hommage rendu à sa beauté, lorsque, sur le mont Ida, elle triompha de ses deux rivales ; déjà, une nouvelle bru était venue d’une contrée lointaine dans la famille de Priam, et les murs d’Ilion renfermaient l’épouse du roi de Sparte. Tous les princes grecs juraient de venger l’époux outragé : car l’injure d’un seul était devenue la cause de tous. Achille cependant (quelle honte, s’il n’eût en cela cédé aux prières de sa mère !), Achille avait déguisé son sexe sous les longs vêtements d’une fille. Que fais-tu, petit-fils d’Éacus ? tu t’occupes à filer la laine ! Est-ce là l’ouvrage d’un homme ?