Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/325

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Reine de Cythère, et toi, son fils, si jamais vous me fûtes favorables, c’est aujourd’hui surtout que je vous invoque ! Et toi aussi, divine Érato, car tu dois ton nom à l’amour. Je médite une grande entreprise : je dirai par quel art on peut fixer l’Amour, cet enfant volage, sans cesse errant dans le vaste univers : il est léger : il a deux ailes pour s’envoler : comment arrêter son essor ?

Minos n’avait rien négligé pour s’opposer à la fuite de son hôte ; mais celui-ci osa, avec des ailes, se frayer une route. Quand Dédale eut renfermé le monstre moitié homme et moitié taureau, fruit des amours d’une mère criminelle : "Ô toi qui es si juste, dit-il à Minos, mets un terme à mon exil : que ma terre natale reçoive mes cendres ! En butte à la rigueur des destins, si je n’ai pu vivre dans ma patrie, que je puisse du moins y mourir ! Permets à mon fils d’y retourner, si son père ne peut trouver grâce devant toi ; ou, si tu es inexorable pour l’enfant, prends pitié du vieillard ! " Ainsi parla Dédale ; mais en vain il essayait, par ce discours et beaucoup d’autres, d’émouvoir Minos ; celui-ci restait inflexible. Convaincu de l’inutilité de ses prières : "Voilà, se dit-il à lui-même, une