Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/326

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

occasion pour moi d’exercer mon génie. Minos règne sur la terre, règne sur les flots ; ces deux éléments se refusent à ma fuite. L’air me reste ; c’est par là qu’il faut m’ouvrir un chemin. Puissant Jupiter ! excuse mon entreprise. Je ne prétends point m’élever jusqu’aux célestes demeures ; mais je profite de l’unique voie qui me reste pour fuir mon tyran. Si le Styx m’offrait un passage, je traverserais les eaux du Styx. Qu’il me soit donc permis de changer les lois de ma nature."

Souvent le malheur éveille l’industrie. Qui jamais eût pensé qu’un homme pût voyager dans les airs ? Dédale cependant se fabrique des ailes avec des plumes artistement disposées, et attache son léger ouvrage avec des fils de lin ; la cire amollie au feu en garnit l’extrémité inférieure. Enfin, ce chef-d’œuvre d’un art jusqu’alors inconnu était terminé : le jeune Icare maniait, joyeux, et les plumes et la cire, sans se douter que cet appareil dût armer ses épaules pour la fuite. "Voilà, lui dit son père, le navire qui nous ramènera dans notre patrie ; c’est par lui que nous échapperons à Minos. Si Minos nous a fermé tous les chemins, il n’a pu nous interdire celui de l’air ; profite donc de mon invention pour fendre les plaines de l’air.