Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/333

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et je fus obligé de la remplacer à mes frais. Ô vous, plus sages que votre maître, évitez ses fautes, ou craignez comme lui d’en porter la peine. Faites la guerre aux Parthes, mais soyez en paix avec votre amie ; ayez recours à l’agréable badinage et à tout ce qui peut exciter l’amour.

Si ta maîtresse se montre peu traitable et peu gracieuse pour toi, souffre-le avec patience ; et bientôt elle s’adoucira. Si l’on courbe une branche avec précaution, elle plie ; elle rompt, si l’on fait tout d’abord sur elle l’essai de toutes ses forces. En suivant avec précaution le fil de l’eau, on traversa un fleuve à la nage ; mais si l’on veut lutter contre le courant, impossible d’en venir à bout. La patience triomphe des tigres et des lions de Numidie ; le taureau s’accoutume peu à peu au joug de la charrue. Quelle femme fut jamais plus farouche qu’Atalante l’Arcadienne ? et pourtant, toute fière qu’elle était, elle se rendit enfin aux tendres soins de son amant. On dit que Milanion pleura souvent à l’ombre des forêts son malheur et les rigueurs de sa cruelle maîtresse ; que souvent, par son ordre, il porta sur ses épaules des filets trompeurs ; que souvent il perça de ses traits le sanglier menaçant. Il fut même atteint