Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/334

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par les flèches d’Hylée ; mais d’autres flèches, hélas ! trop connues, l’avaient déjà blessé.

Je ne te prescris point de gravir, l’arc en main, comme lui, les bois escarpés du Ménale, ni de charger tes épaules de lourds filets ; je ne t’ordonne point d’offrir ta poitrine aux flèches d’un ennemi. Si tu sais être prudent, tu verras que les préceptes de mon art sont plus faciles à suivre.

Ta maîtresse résiste : eh bien, cède ; c’est en cédant que tu triompheras. Quel que soit le rôle qu’elle t’impose, sois prêt à le remplir. Ce qu’elle blâme, blâme-le ; loue ce qu’elle loue. Ce qu’elle dit, répète-le ; nie ce qu’elle nie. Ris, si elle rit ; pleure, si elle pleure : en un mot, compose ton visage sur le sien. Mais elle veut jouer, et déjà sa main agite les dés d’ivoire : fais exprès de manquer le coup, et passe-lui la main. Si vous jouez aux osselets, pour lui épargner le chagrin d’une défaite, fais en sorte d’amener souvent un malencontreux ambesas. Si un échiquier est votre champ de bataille, il faut que tes pions de verre tombent sous les coups de l’ennemi. Aie soin de tenir sur elle son ombrelle déployée ; de lui frayer un passage, si elle se trouve engagée dans la foule ; empresse-