Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/338

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peu les châtaignes. Un envoi de grives ou de colombes lui prouvera que tu ne l’oublies point. Je sais qu’on achète aussi par de semblables prévenances l’espoir d’hériter d’un vieillard sans enfants. Ah ! périssent ceux qui font des présents un si coupable usage !

Dois-je te conseiller de lui envoyer aussi de tendres vers ? Hélas ! les vers ne sont guère en honneur. On en fait l’éloge, mais on veut des dons plus solides. Un Barbare même, pourvu qu’il soit riche, est sûr de plaire. Nous sommes vraiment dans l’âge d’or : c’est avec l’or qu’on obtient les plus grands honneurs ; c’est avec l’or qu’on se rend l’amour favorable. Homère lui-même, vint-il escorté des neuf Muses, s’il se présentait les mains vides, Homère serait mis à la porte. Il y a pourtant quelques femmes instruites ; mais elles sont bien rares ; les autres ne savent rien et veulent paraître savantes. Cependant tu feras, dans tes vers, l’éloge des unes et des autres. Surtout, lecteur habile, fais valoir tes vers, bons ou mauvais, par le charme du débit. Doctes ou ignorantes, peut-être qu’un poème composé en leur honneur fera près d’elles l’effet d’un petit cadeau.

Surtout, quand tu seras décidé à faire quelque chose que