Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/346

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qui croît dans nos jardins : joins-y des oeufs, du miel de l’Hymette, et ces pommes que porte le pin élancé.

Mais pourquoi, divine Érato, nous égarer dans ces détails de l’art d’Esculape ? Rentrons dans la carrière dont mon char ne doit pas sortir. Tout à l’heure je te conseillais de cacher avec soin tes infidélités ; quitte maintenant cette voie, et, si tu m’en crois, publie tes conquêtes. Garde-toi pourtant de m’accuser d’inconséquence. La nef recourbée n’obéit pas toujours au même vent ; elle court sur les flots, tantôt poussée par l’Aquilon, tantôt par l’Eurus ; le Zéphyr et le Notus enflent tour à tour ses voiles. Vois ce conducteur monté sur son char ; tantôt il laisse flotter les rênes, tantôt il retient d’une main habile ses coursiers trop ardents.

II est des amants que sert mal une timide indulgence : l’amour de leur maîtresse languit si la crainte d’une rivale ne vient le ranimer. Le bonheur souvent nous enivre, et difficilement on le supporte avec constance. Un feu léger s’éteint peu à peu faute d’aliments et disparaît sous la cendre blanchâtre qui couvre sa cime ; mais, à l’aide du soufre, sa flamme assoupie se rallume et jette une clarté nouvelle. Ainsi, lorsque le cœur