Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/367

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sur un gracieux visage ! Ces cheveux blancs, qui (tu le jures du moins) datent de ton enfance, te couvriront bientôt toute la tête. Le serpent, en quittant sa peau, se dépouille de sa vieillesse, et le cerf, en renouvelant son bois, semble rajeunir ; mais rien ne remplace les avantages que le temps nous enlève. Cueillez donc une fleur qui, si vous ne la cueillez, tombera d’elle-même honteusement flétrie. Le travail de l’enfantement vient en outre abréger la jeunesse : des moissons trop fréquentes épuisent un champ.

Ne rougis point, ô Phébé, de tes amours avec Endymion sur le mont Latmos. Déesse aux doigts de roses, Aurore, tu as pu sans honte enlever Céphale. Et, sans parler d’Adonis, que Vénus pleure encore aujourd’hui, n’est-ce pas à l’Amour qu’elle dut la naissance d’Énée et d’Harmonie ? Imitez donc, ô jeunes mortelles, l’exemple que vous offrent ces déesses ; ne refusez point à l’ardeur de vos amants les plaisirs qu’ils sollicitent.

S’ils vous trompent, qu’y perdez-vous ? Tous vos attraits vous restent, et, vous dérobât-on mille faveurs, ils n’en seraient pas même altérés. Le fer, le caillou s’usent, s’amincissent par le frottement ; mais cette partie de vous-mêmes résiste à tout, et vous n’avez point à craindre pour elle les mêmes effets. Un