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Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/371

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flots. On compterait les glands d’un vaste chêne, les abeilles de l’Hybla, les bêtes fauves qui peuplent les Alpes, plutôt que le nombre infini de parures et de modes nouvelles que chaque jour voit éclore.

Une coiffure négligée sied à plus d’une femme : on la croirait de la veille ; elle vient d’être ajustée à l’instant même. L’art doit imiter le hasard. Telle Iole s’offrit aux regards d’Hercule, lorsqu’il la vit, pour la première fois dans une ville prise d’assaut : "Je l’adore," dit-il aussitôt. Telle était Ariane, abandonnée sur le rivage de Naxos, lorsque Bacchus l’enleva sur son char, aux acclamations des Satyres qui criaient : Evoé !

Femmes, combien la nature secourable à vos charmes vous fournit de moyens pour réparer l’outrage du temps ! Quant à nous, il nous est impossible de le cacher ; nos cheveux enlevés par l’âge tombent comme les feuilles de l’arbre battu par l’Aquilon. La femme teint ses cheveux blancs avec le suc des herbes de Germanie ; et l’art leur donne une couleur d’emprunt, préférable à leur couleur naturelle. La femme se montre à nos yeux parée de l’épaisse chevelure qu’elle vient d’acheter, et, pour un peu d’argent, les cheveux d’autrui deviennent les siens. Elle ne rougit pas même d’en faire publiquement l’emplette, à la face d’Hercule et des neuf Soeurs.