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Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/376

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jour, on annonce à une belle mon arrivée subite : dans son trouble, elle met à l’envers sa chevelure postiche. Puisse un si honteux affront n’arriver qu’à nos ennemis ! Puisse tant d’opprobre n’être réservé qu’aux filles du Parthe ! Un animal mutilé, un champ sans verdure, un arbre sans feuilles, sont choses hideuses ; une tête chauve ne l’est pas moins.

Ce n’est pas à vous, Sémélé ou Léda, que s’adressent mes leçons, ni à toi, belle Sidonienne, qu’un taureau mensonger emporta au-delà des mers, ni à cette Hélène que tu réclamas avec raison, ô Ménélas ! et qu’avec raison aussi, toi, ravisseur troyen, tu refusas de rendre. La foule de mes élèves se compose de belles et de laides ; et ces dernières sont toujours en plus grand nombre. Les belles ont moins besoin des secours de l’art, et font moins de cas de ses préceptes : elles ont le privilège d’une beauté qui ne doit point à l’art sa puissance. Lorsque la mer est calme, le pilote se repose en toute sécurité ; est-elle gonflée par l’orage, il ne quitte plus le gouvernail.

Cependant il est peu de visages sans défauts : cachez ces défauts avec soin ; et, autant que possible, dissimulez les imperfections de votre corps. Si vous êtes petite, asseyez-vous, de peur qu’étant debout on ne vous croie assise ; si vous êtes