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Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/387

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perfidie de Thésée, Démophoon, après avoir trompé Phyllis, quelle confiance peux-tu inspirer ? Femmes, si vos amants vous font de belles promesses, agissez comme eux : s’ils vous font des présents, accordez-leur les faveurs convenues. Elle serait capable d’éteindre les feux éternels de Vesta, d’enlever de ton temple, ô fille d’Inachus ! les choses sacrées, et de présenter à son époux un breuvage où l’aconit mêle ses poisons à ceux de la ciguë, celle qui, après avoir reçu les dons d’un amant, lui refuse les plaisirs auxquels il a droit.

Mais où vais-je m’égarer ? Muse, serre les rênes de tes coursiers, de peur qu’ils ne t’emportent au delà du but. Lorsque votre amant aura sondé le gué par quelques mots tracés sur ses tablettes, et qu’une adroite suivante aura reçu les billets qu’il vous envoie, méditez-les attentivement, pesez-en les expressions, et tâchez de deviner si son amour n’est qu’une feinte ou si ses prières partent d’un cœur vraiment épris. Ne vous hâtez pas trop de lui répondre : l’attente, si elle n’est pas trop prolongée, aiguillonne l’amour. Ne vous montrez pas trop facile aux instances d’un jeune amant, mais pourtant ne rejetez pas durement ses prières. Faites qu’il espère et craigne en même temps, et qu’à chaque refus ses espérances s’accroissent et ses