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Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/389

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différentes. Que les lettres écrites par vous à votre amant semblent s’adresser à une femme, et dans vos billets doux dites toujours elle, en parlant de lui.

Mais passons de ces petits détails à de plus graves sujets, et voguons enfin à pleines voiles. Pour conserver la pureté de vos traits, il vous importe de contenir la violence de votre caractère. La douce paix est l’apanage de l’homme, comme la farouche colère est le partage des bêtes féroces.

La colère gonfle le visage, grossit les veines d’un sang noir, et allume dans l’œil tous les feux de la Gorgone : "Loin d’ici, flûte maudite, tu ne mérites pas que je te sacrifie ma beauté", dit Pallas en voyant dans l’onde ses traits défigurés. Et vous aussi, femmes ; si vous vous regardiez dans un miroir au milieu d’un accès de colère, pas une de vous ne pourrait alors reconnaître son visage. L’orgueil n’est pas moins nuisible à vos attraits : il faut de doux regards pour captiver l’amour.

Croyez-en mon expérience, une hauteur dédaigneuse inspire l’aversion ; et souvent, sans parler, le visage porte avec lui des germes de haine. Regardez qui vous regarde ; souriez doucement à qui vous sourit ; répondez aux signes qu’on vous fait par des signes d’intelligence. C’est ainsi que l’Amour, après avoir préludé