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Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/390

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avec des flèches émoussées, tire de son carquois des traits aigus. Nous haïssons aussi la tristesse : qu’Ajax aime sa Tecmesse ; pour nous, troupe joyeuse, c’est la gaîté qui nous séduit dans une femme. Ni vous, Andromaque, ni vous, Tecmesse, jamais je n’eusse désiré d’être votre amant ; et, sans votre fécondité, je ne pourrais croire que vos époux aient goûté dans vos bras les plaisirs de l’amour. Comment une femme aussi triste que Tecmesse eût-elle dit à Ajax : Lumière de ma vie ! et ces douces paroles qui nous charment ?

Qu’il me soit permis d’appliquer à mon art frivole des exemples tirés d’un art plus sérieux, et d’oser le comparer aux manœuvres d’un général d’armée. Un chef habile confie à un officier la conduite de cent fantassins, à un autre un escadron de cavalerie, à un autre la garde des drapeaux. Et vous aussi, examinez à quoi chacun de nous peut vous être utile, et donnez à chacun l’emploi qui lui convient. Que le riche vous fasse des présents ; que le jurisconsulte vous aide de ses conseils ; que l’avocat éloquent plaide souvent la cause de sa belle cliente.

Pour nous qui faisons des vers, nous ne pouvons vous offrir que nos vers ; mais, plus que tous les autres, nous savons aimer, et nous faisons retentir au loin la gloire de la beauté