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Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/395

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rusé et un gardien vigilant. Qu’une femme craigne son époux ; qu’elle soit bien gardée ; c’est dans l’ordre : ainsi le veulent les lois, l’équité et la pudeur. Mais qu’on vous soumette aussi à cet esclavage, vous que vient d’affranchir le préteur, qui de nous pourrait le souffrir ? Venez à mon école apprendre à tromper. Eussiez-vous autant de surveillants qu’Argus avait d’yeux, vous les duperez tous, si vous en avez la ferme volonté.

Un gardien, par exemple, pourra-t-il vous empêcher d’écrire pendant le temps consacré au bain ? empêchera-t-il qu’une suivante, complice de vos amours, ne porte vos billets doux cachés dans son sein, sous une large écharpe ? ne peut-elle pas encore les soustraire aux regards, soit dans la tige de ses brodequins, soit sous la plante de ses pieds ? Mais supposons que votre gardien déjoue toutes ces ruses : eh bien, que votre confidente vous offre ses épaules en guise de tablettes, et que son corps devienne une lettre vivante. Des caractères tracés avec du lait qu’on vient de traire sont un moyen assuré de tromper les yeux : un peu de charbon pulvérisé suffira pour les rendre lisibles. Vous obtiendrez le même service d’un tuyau de lin vert ; et des tablettes dont on ne se défie pas emporteront