Page:Ovide - Œuvres complètes, trad Nisard, 1838.djvu/267

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FRAGMENT

Apprenez, jeunes filles, quels sont les soins qui embellissent le visage, et les moyens à employer pour conserver votre beauté. La culture force la terre inféconde à se parer des dons de Cérès ; les ronces épineuses meurent là où elles se font sentir. La culture adoucit l'âcreté des sucs dans les fruits, et l'arbre greffé accepte ses richesses adoptives. Les produits de l'art nous plaisent ; les superbes palais se couvrent de dorures, et le sol noir de souillures disparaît sous des couches de marbre. La pourpre subit des immersions fréquentes dans l'airain des chaudières tyriennes, et l'ivoire indien, scié en morceaux, pourvoit aux nécessités de notre luxe. Peut-être que sous le règne de Tatius, les antiques Sabines aimaient mieux prendre soin des champs de leurs pères que de leur propre personne. Alors, en effet, la matrone, au teint fortement coloré, filait du haut d'un siège fatigué de son poids, et exerçait sans relâche ses doigts laborieux ; elle-même enfermait au bercail les troupeaux que sa fille avait fait paître ; elle-même encore mettait au feu le bois fendu et les broussailles. Mais vos mères ont enfanté des filles délicates ; vous voulez porter des habits brochés d'or; vous voulez des coiffures variées pour vos cheveux parfumés ; vous voulez montrer une main étincelante de pierreries. Vous ornez votre cou de perles tirées de l'Orient, et si grosses, qu'elles sont un fardeau pour vos oreilles. Cependant nous ne devons pas accuser les soins que vous prenez pour plaire, car ce siècle est aussi témoin de la recherche des hommes dans leur parure. Vos maris suivent les modes des femmes, et l'épouse n'a rien à ajouter à la toilette de son époux. Ainsi donc, que chacune de vous se pare, et ne s'inquiète pas de l'objet qu'elle veut captiver ; on ne saurait lui faire un crime de son élégante propreté. Celles qui vivent retirées au fond