Page:Ovide - Œuvres complètes, trad Nisard, 1838.djvu/669

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là lui vient le nom de Vesta (vi stare), [6, 300] et on peut supposer que son nom a la même origine dans la langue grecque ; quant au foyer, il a été ainsi appelé à cause des flammes, et parce qu'il échauffe tout. Autrefois il avait sa place dans les parties antérieures de la maison ; de là, selon moi, serait venu le nom de vestibule ; de là ces paroles, dans les prières que nous adressons à Vesta : « Ô toi qui occupes la première place… » [6, 305] Autrefois c'était l'usage de s'asseoir ensemble, sur de longs bancs, devant le foyer. On croyait que les dieux, pendant le repas, étaient présents ; et maintenant encore, quand on célèbre les fêtes de l'antique Vacuna, on se tient, soit debout, soit assis, devant le foyer de cette déesse. Quelque chose du vieil usage s'est conservé jusqu'à nos jours ; [6, 310] on présente à Vesta, sur un plat purifié avec soin, les mets dont on lui fait offrande.

Mais voici les ânesses portant à leur cou des pains en guirlande ; les meules raboteuses sont cachées sous des couronnes de fleurs. Autrefois les cultivateurs ne se servaient des fours que pour torréfier le froment ; aussi la déesse Fornax eut-elle ses fêtes. [6, 315] Quant au pain, placé sous la cendre, c'était au foyer même qu'on le faisait cuire ; quelques morceaux de tuile recouvraient l'âtre brûlant. C'est pour cela que le boulanger, et l'ânesse même qui tourne les meules de pierre ponce, célèbrent la fête du foyer et de la divinité qui le protège.

Dois-je taire ou raconter ta honte, Priape au visage rubicond ? [6, 320] L'aventure ne manque pas de sel. Cybèle, qui porte au front une couronne de tours, convie à ses fêtes les dieux éternels ; elle invite aussi les satyres et les nymphes, divinités champêtres ; Silène y vint aussi, quoique personne ne l'en eût prié. [6, 325] Il ne m'appartient pas et il serait trop long d'ailleurs de raconter ce festin des dieux. D'abondantes libations charmèrent les heures de la nuit ; les uns errent au hasard dans les sombres vallons de l'Ida ; d'autres se reposent étendus sur le doux gazon ; d'autres jouent, d'autres se sont endormis ; quelques-uns, les bras entrelacés, [6, 330] frappent en cadence et d'un pied léger la terre parée de verdure. Vesta, couchée, se livre en sécurité aux douceurs du sommeil, appuyant négligemment sa tête sur un banc de gazon. Le rubicond gardien des jardins, qui convoite nymphes et déesses, va rôdant de toutes parts. [6, 335] Il aperçoit Vesta ; la prit-il pour une nymphe, ou reconnut-il Vesta ? on ne sait. Priape affirme ne pas l'avoir reconnue. Un désir lubrique s'éveille en lui ; le voilà qui s'approche furtivement ; son pied touche à peine la terre ; son cœur bat avec violence. Le hasard voulut que l'âne qu'avait amené le vieux Silène [6, 340] eût été laissé sur les bords d'un ruisseau murmurant. Déjà le dieu du long Hellespont allait en venir à ses fins, quand, bien mal à propos, l'animal se mit à braire. À cette voix retentissante, la déesse se réveille en sursaut; une foule nombreuse accourt ; Priape ne se dérobe que par la fuite à des