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LES AMOURS

Que divise en canaux l’habile agriculteur,
Malgré zéphyrs et bois splendides,
Je ne saurais me croire aux bourgs Péligniens,
Au toit natal, dans ma campagne ;
Je me crois chez le Scythe ou les Ciliciens,
Vers le Caucase ou la Bretagne.

L’ormeau chérit la vigne, et la vigne l’ormeau :
Qui donc m’ôte ainsi ma maîtresse ?
Cependant tu juras par tes yeux, mon flambeau,
Par moi, de me suivre sans cesse.
Aux vents, aux flots s’en va des belles le serment,
Plus sec qu’une feuille d’automne.
Si pourtant tu t’émeus de mon délaissement,
Viens t’exécuter à Sulmone.

Monte au plus vite un char traîné de coursiers prompts ;
Laisse en leurs crins flotter les rênes :
Et vous, sur son passage abaissez-vous, fiers monts ;
Vallons tournants, faites-vous plaines !