Page:Ovide - Les Amours, traduction Séguier, 1879.djvu/111

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
105
LES AMOURS

Mais toi, mari si sûr d’une aimable moitié,
Ferme donc ta porte à la brune ;
Cherche quel bras furtif du marteau t’importune,
Pourquoi tes chiens ont aboyé,
D’où ces flots de billets, dans quel but l’on t’exile
Si souvent des draps conjugaux.
Laisse enfin ces soucis te ronger jusqu’aux os,
Et donne à ma ruse un mobile.
Celui-là peut voler les sables des déserts
Qui peut d’un sot aimer la femme.
Va, si tu ne fais point surveiller ta bigame,
Pour mes plaisirs plus ne m’en sers.
J’ai bien patienté : j’espérais qu’à la lutte
L’œil du maître m’obligerait.
Mais tu dors, admettant ce que nul n’admettrait :
Je romprai ces nœuds sans dispute.
Las ! donc, en ta maison toujours un libre abord ?
De nuit, pas moyen qu’on m’assomme ?
Point de peurs ? nuls soupirs interrompant mon somme ;
Nul fait pour désirer ta mort ?
Est-ce à moi d’endurer un époux lâche, immonde ?
Ton caractère éteint mas feux.
Que ne déniches-tu quelque amant moins fougueux ?
Me veux-tu pour ton rival ? Gronde.