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OVIDE

Je voudrais le chasser que je ne pourrais pas ;
Prends plutôt mot sang et ma vie.
L’Amour donc, puis deux doigts de la rouge liqueur,
Des fleurs à ma tête un peu lasse,
Voilà mes combattants ! Qui n’accourrait sans peur ?
La nuit s’avance ; ouvre, de grâce.

Es-tu lent ? ou dors-tu d’un hostile sommeil
Que ma requête aux airs s’envole ?
On te trouvait sans cesse autrefois en éveil,
Quand je rôdais près de ta geôle.
Peut-être ton amie est-elle dans tes bras :
Oh ! sort plus gai, meilleure place !
De ta chaîne, à ce prix, que je n’ai-je l’embarras !
La nuit s’avance ; ouvre, de grâce.

Me trompé-je ? Les gonds n’ont-ils pas résonné ?
Est-ce un indice, une assurance ?
Erreur ! c’était le vent. Son souffle inopiné
Emporte au loin mon espérance.
Viens, au nom d’Orythie, ô Borée, et d’un bond
Romps cette barrière tenace !
Tout est silencieux… Rosée et brume au front,
La nuit s’avance ; ouvre, de grâce.

Ouvre, ou, plus prompt que toi, par le fer, par le feu,
Je détruis l’orgueilleuse enceinte.
La nuit, l’amour, le vin au calme invitent peu ;