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OVIDE

Tu rougis ? aux fronts purs vont ces chastes alarmes,
Lorsqu’on les feint, je t’en préviens. »

« Tes yeux sont-ils baissés, par degrés n’examine
Les galants qu’en raison des prix.
Sous Tatius peut-être, une immonde Sabine
Eût redouté plusieurs maris.
Mais Mars transporte au loin son étendard néfaste ;
Vénus règne en nos murs cléments.
Belles, amusez-vous ! la laide seule est chaste :
Fille adroite chasse aux amants.
Toi, déride à l’instant ce visage si tendre.
Grâce aux rides, que de malheurs !
Pénélope donnait un arc funeste à tendre
À ses prétendants querelleurs.
Le temps, à notre insu, semblable à l’eau des fleuves,
Rapidement coule et se perd.
Il faut polir l’airain, user les robes neuves ;
Un toit croule, s’il est désert.
La beauté, douce fleur, se fane sans culture ;
C’est trop peu d’un ou deux époux.
À l’aide de plusieurs la récolte est plus sûre :
Aux grands troupeaux vont les vieux loups.
Dis-moi, sinon des vers, que reçois-tu d’Ovide ?
Des vers ! voilà tout son tribut.
Apollon même, orné d’une riche chlamyde,
N’a d’autre or que l’or de son luth.
Prise un bailleur de fonds plus que le grand Homère ;