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OVIDE

Et qu’ils glanent pour eux : tout grain de bénéfice,
C’est à la longue un tas de blé.
Aux crocs de ton amant mets sœur, mère et nourrice ;
Le revenu sera triplé.

« Cherches-tu des motifs, alors de ta naissance
Qu’un gâteau lui marque le jour.
Avant tout, d’un rival qu’il craigne la présence ;
Sans cette crainte, adieu l’amour.
Que ton lit laisse voir les traces d’un autre homme,
Ton cou ses baisers encor chauds,
Ta table ses présents. Des magasins de Rome
Parle-lui, s’il vient sans cadeaux.
A-t-il assez donné, qu’il prête maintes choses ;
Ne rien rendre est l’essentiel.
Par tes airs doucereux endors le sur des roses :
Le poison passe avec le miel.
Si tu suis mes leçons, fruit d’une vieille étude,
Et désormais en fais ta loi,
Tu me diras souvent : « Vis bien ! » par gratitude ;
À ma mort tu prieras pour moi. »

Mon ombre me trahit : je m’élançai vers elle,
Et des deux mains faillis broyer
Son crâne dénudé, sa face criminelle
Où du vin parut larmoyer.
Ha ! monstre, puisses-tu, proscrite et sans foyer,
Souffrir une soif éternelle !