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OVIDE

Ni trop noirs, ni trop blonds, ils montraient nuancés
L’or et l’ébène dans leurs ondes.
Aux frais vallons d’Ida, les cèdres écorcés
Ont ces couleurs brunes et blondes.

Leur souplesse admettait, de plus, mille contours,
Sans te coûter la moindre plainte.
Peignes et dards coquets les ménageant toujours,
Napé t’ornait, libre de crainte.
À l’œuvre je la vis, et l’épingle jamais
Durement ne vint la reprendre.
Parfois leurs flots captifs, à l’aurore défaits,
Hors du lit pourpre allaient s’épandre :
Tel est le négligé que, sur le vert gazon,
Offre une Bacchante assoupie.
Mais quoiqu’ils fussent doux ainsi qu’une toison,
Qu’on leur fit une guerre impie !
Qu’ils subirent l’acier, le feu patiemment,
Pour tourner en boucles dociles !
Je criais : « Les brûler, c’est un crime vraiment ;
Loin, bien loin, ces fers inutiles !
Grâce ! ils frisent tout seuls. Rien à brûler en eux;
L’aiguille y tient sans stratagème... »
Les voilà donc tombés ces splendides cheveux,
Dignes d’Évan, d’Apollon même.

Je leur comparais ceux qui jadis ruisselaient
Sur les bras nus de Dionée.