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LES AMOURS

Si tu fais bien, crois-moi, n’inspire plus de haine ;
De tout despote on veut la mort.
Son mari même est fou : quoi ! défendre un domaine
Qui pour sa garde est assez fort ?
Laissons-le se livrer à son aveugle flamme,
Croire chastes de tels appas.
D’un peu de liberté, toi, fais jouir sa femme ;
Libres d’autant seront tes pas.

Ensemble conspirez : l’esclave alors commande.
Crains-tu ce jeu, feindre est permis.
Ces billets, lus à part, sa mère les lui mande ;
Ces inconnus sont des amis.
Au lit va-t-elle voir malade bien portante,
Figure-toi le mal certain.
Tarde-t-elle : de peur d’une ennuyeuse attente,
Ronfle, la tête dans ta main.
Mais les rites d’Isis, ce qu’au Cirque on peut faire,
Jamais n’en cherche le détail.
Un complice toujours gagne gros à se taire :
Pourtant est-il moins dur travail ?
Il plaît, n’est plus frappé, vit en gras majordome ;
Les autres gisent, vil troupeau.
L’époux voit par ses yeux, et, rois tous deux, en somme,
De madame ils trouvent tout beau.
Vainement un mari prend l’air sombre et rebelle,
Par ses baisers femme obtient tout.
Mais il faut que parfois l’adroite te querelle,