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OVIDE

Donc, je craindrai pour toi l’Eurus et le Zéphyr,
Le chaud Notas, le froid Borée !
Tu n’auras nuls bosquets, nulle ville où courir :
Rien que Téthys, bleue et madrée.
La haute mer n’a point nacres, riches cailloux ;
À la rive elle s’en décharge.
Tendrons, le seul rivage est fait pour vos pieds doux :
La paix est là, l’horreur au large.

Que d’autres des Autans vous disent les combats,
Scylla, Charybde, rocs terribles,
Les monte Cérauniens, pourvoyeurs du trépas,
Malée et les Syrtes horribles.
À d’autres, oui, ce soin : par vous que tout soit cru ;
Point n’est s’exposer que de croire.
Mais tard on touche au sol, quand le câble est rompu,
Que la nef vogue, aléatoire.
Le nocher inquiet craint les vents insensés ;
Il voit la mort près comme l’onde.
Ah ! que deviendras-tu, les flots bouleversés ?
Alors quelle pâleur profonde !
Tu t’écrieras, priant et Pollux et Castor :
« Heureuse qui la terre embrasse ! »
C’est qu’à terre il vaut mieux dormir, ou lire encor,
Ou bien pincer d’un luth de Thrace.

Mais si l’orage emporte au loin mes vains avis,
Défends sa voile, ô Galatée.