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Page:Ovide - Les Amours, traduction Séguier, 1879.djvu/91

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LES AMOURS

Néréides, si meurt celle par qui je vis,
Malheur à vous comme à Nérée !
Pars, en songeant à moi, rentre au premier bon vent ;
Qu’il pousse plus fort ton navire.
Grand Nérée, en ces lieux penche ton sein mouvant ;
Monte ici, flux ; à nous, Zéphyre !
Implore-le toi-même, afin qu’il souffle en plein ;
De tes mains aide au fils d’Éole.
Avant tous j’aurai vu, moi, ton flottant sapin :
« Sur lui, dirai-je, est mon idole. »
Mes bras te recevront, je prendrai cent baisers,
Tuerai la victime promise ;
Puis, en forme de lit les sables disposés,
La table en un tertre ira mise.

Là, tu me dépeindras tes hauts faits, coupe en main,
Ton bâtiment qui presque sombre.
Ajoute que, vers moi reprenant ton chemin,
Tu défiais vents et nuit sombre.
J’admettrai tous propos, encor que mensongers ;
Pourquoi non ? mon cœur les souhaite.
Puisse l’astre du jour, d’un ciel pur, sans dangers,
M’amener vite cette fête !